Ramadan et diabèteLe Ramadan est une situation qui nécessite une adaptation du traitement du patient et de sa surveillance.
Comprendre les répercussions du jeûne du Ramadan est essentiel pour éviter les risques
Ramadan et santé
Changements dus au Ramadan
- Le rythme de vie du Ramadan peut perturber l’organisation habituelle du patient et de son traitement.
- Il faut essayer d’adapter le traitement et la surveillance et de les concilier avec les habitudes du Ramadan.
- Avec ces précautions, le diabète n’empêche pas de vivre un mois du ramadan en bonne santé et sans difficultés.
Quels risques pour la santé ?
- Le jeûne du Ramadan peut être sans inconvénient, ou néfaste selon l’état de santé du patient diabétique.
- Une hypoglycémie est possible chez certains patients diabétiques. Elle est favorisée par la prise de certains médicaments associée au jeûne
- Un déséquilibre du diabète est possible, favorisé par de multiples facteurs… un risque de manque d’eau et deshydratation est à craindre dans certaines circonstances.
Jeûner ou ne pas jeûner ?
Les avantages et les inconvénients du jeûne chez chaque patient sont discutés avec les soignants.
La décision est prise par le patient bien informé en collaboration avec le médecin traitant.
Elle dépend de l’état de santé du patient et des risques particuliers à cette période.
Précautions à prendre
- Porter sur soi la carte de diabétique et une ordonnance du médecin. Montrer ces documents en cas de nécessité.
- Le risque d’hypoglycémie due au jeûne chez le patient traité aux sulfamides ou à l’insuline : Expliquer à son entourage : l’importance des repas réguliers, l’obligation de prendre du sucre en urgence, en cas d’hypoglycémie.
- Comprendre qu’on doit toujours et immédiatement rompre le jeûne et prendre des sucreries en cas d’hypoglycémie.
L’aide du médecin, d’un docteur de la foi («alem»), d’un membre de la famille ou d’un ami proche est utile pour aider à l’information nécessaire et pour protéger en cas de difficulté.
Différentes situations
Le diabète déséquilibré ou compliqué ou associé à une autre maladie
L’organisme est affaibli et le jeûne peut être dangereux.
- Le diabète déséquilibré avec urines abondantes : le manque d’eau de l’organisme dû au jeûne, à des sueurs abondantes provoquées par un temps chaud, à une diarrhée peuvent aggraver la situation et menacer la vie du malade.
- Le diabète accompagné d’une complication, au niveau des reins, des yeux, du cœur et des vaisseaux : l’organisme est affaibli, des médicaments sont prescrits, la situation est complexe. Le jeûne peut avoir un effet néfaste.
- Une maladie associée au diabète : infection avec fièvre, diarrhée et vomissements, maladie des poumons… L’organisme est
affaibli et le manque d’eau dû à l’excès d’urines, aux sueurs, à la diarrhée… peut être dangereux.
Le diabète auparavant bien équilibré et sans complication ou maladie associée
- L’auto- surveillance des glycémies et de l’examen d’urines de façon répétée au cours du mois de Ramadan permet au patient de répondre à la question essentielle : est-ce que le jeûne perturbe l’équilibre du diabète ?
- Si le jeûne s’accompagne d’une sensation de bien être, cela ne veut pas dire que le diabète est équilibré et que le jeûne est sans inconvénient pour la santé. Seul le contrôle régulier des glycémies permet de reconnaître le mauvais équilibre du diabète.
- Si le jeûne entraîne le déséquilibre du diabète, ce déséquilibre peut être apparent (signes) ou passer inaperçu (la malade ne sent rien sur le moment). Quel que soit le cas, il existe un danger pour la santé future du patient (complications chroniques au niveau des vaisseaux).
Différents traitements
- Chaque traitement peut s’accompagner de risques particuliers.
- L’association de plusieurs médicaments peut aggraver les risques.
- La surveillance médicale est nécessaire pour les reconnaitre.
Conseils pratiques pour protéger sa santé et vivre un bon Ramadan
Essayer de concilier les habitudes de vie et alimentaires du mois de ramadan au rythme habituel et adapter le traitement et la surveillance.
Traitement
Une adaptation peut être nécessaire chez certains patients.
Une modification de l’horaire, de la dose et du type de traitement peut être utile.
La surveillance régulière permet de suivre les effets de ces modifications.
Régime
- Choisir une alimentation variée et équilibrée, pauvre en gras et en sucreries.
- En cas de jeûne, la répartir en 3 repas espacés : ftour, dîner, shour. Boire abondamment.
- Aliments particuliers au ramadan
Eviter les excès de pâtisseries traditionnelles et autres gâteaux, croissants…, dattes, boissons sucrées …
Consommer des soupes (traditionnelle, de légumes…) pauvres en gras
Préférer les crêpes traditionnelles et les produits laitiers pauvres en sucre et en gras.
Exercice physique et hygiène de vie
- Pratiquer un programme d’exercice physique régulier et adapté (ne pas forcer), après le repas du ftour ou le dîner : marche, vélo, jogging, ménage, jardinage …
- Eviter le stress et dormir suffisamment
- Eviter le tabac et consommer modérément thé et café
Surveillance avant et pendant le Ramadan
- Surveiller le diabète : contrôler glycémies et/ou examens d’urines à heures variables et d’adapter le traitement.
- Consulter le médecin afin de contrôler l’état de santé.
- Quel que soit le cas, n’hésitez pas à discuter avec votre médecin de toutes vos difficultés et de l’informer de votre santé et du suivi du traitement.
Diabète non insuline dépendant
Equilibre glycémique
- Si l’équilibre glycémique n’est pas perturbé, le jeûne est sans inconvénient.
- Le mois de Ramadan peut être l’occasion, de renforcer le traitement et la surveillance.
- Si l’équilibre glycémique est perturbé, le jeûne est néfaste, car, en déséquilibrant le diabète, il favorise l’apparition ultérieure des complications chroniques du diabète. Le déséquilibre du diabète est probablement lié aux perturbations du rythme de vie et du programme alimentaire.
Diabète traité par le régime seul
- Le Ramadan peut être l’occasion de changer de la routine et de prendre de bonnes décisions pour sa santé.
- Le jeûne peut être l’occasion de renforcer le régime.
Diabète traité par régime et comprimés
Les sulfamides
- Ils peuvent entraîner en cas de jeûne une hypoglycémie brutale et grave pour la santé. Ainsi le jeûne peut être déconseillé par le médecin.
- Préférer les sulfamides à moindre risque d’hypoglycémie.
- Si le jeûne est suivi par le patient, il est nécessaire d’adapter l’horaire et, si nécessaire, la dose du médicament.
Les biguanides
- Le traitement peut être poursuivi à la même dose.
- Il est nécessaire d’adapter l’horaire : prendre les comprimés après ftour et shour.
Diabète traité à l’insuline
Quels risques particuliers pour la santé?
Le jeûne du Ramadan est difficile chez le diabétique traité à l’insuline. Il peut être plus risqué dans le diabète déséquilibré ou compliqué ou associé à une autre maladie.
- L’arrêt de l’insuline peut entraîner une hyperglycémie avec sucre et acétone dans les urines, état qui peut en quelques heures entraîner une perte de conscience nécessitant la réanimation.
- L’injection d’insuline associée au jeûne peut entraîner une baisse de la glycémie qui peut rapidement aboutir à une perte de conscience nécessitant un traitement en urgence.
- Un déséquilibre du diabète est possible, favorisé par de multiples facteurs… un risque de manque d’eau et deshydratation est à craindre dans certaines circonstances.
Jeûner ou ne pas jeûner?
- La décision, est prise en collaboration entre le patient bien informé et le médecin traitant.
- Si le patient choisit de ne pas jeûner, le traitement habituel peut être poursuivi,
- Si le patient choisit de jeûner, le médecin doit l’accompagner en l’aidant à adapter le traitement à l’insuline et éviter les risques.
Adaptation du traitement au jeûne
Traitement habituel à 2 injections
Si le patient choisit de jeûner, l’insuline est adaptée au niveau de son type, de ses horaires et de ses doses.
L’inversion du rythme alimentaire nécessite l’inversion des injections : injection du matin avant ftour et injection du soir avant shour
Alimentation adaptée à l’insuline pour éviter l’hyperglycémie et l’hypoglycémie :
- Prendre 3 repas / nuit ftour, dîner et shour à heures fixes; ne pas sauter ou retarder un repas.
- Utiliser la même quantité de pain ou équivalent glucidique chaque jour et la répartir en trois parties: une par repas.
- Eviter les sucreries en excès en dehors de la situation d’hypoglycémie.
Activité physique adaptée à l’insuline
- Préférer un exercice physique régulier tous les jours (ou 3 jours/semaine) à la même heure.
- Adapter l’insuline et l’alimentation à l’activité physique.
- Eviter l’exercice intense ou prolongé ou inattendu pendant la journée.
Insulinothérapie intensifiée, fonctionnelle
- Insuline basale reste la même.
- Insuline rapide pour les repas avant ftour, dîner et shour à rajouter pour couvrir les glucides de chaque repas et pour corriger la glycémie.
- Corriger le traitement grâce à l’auto surveillance renforcée.